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Tradition
Steve Kramkimel
Réimprimé de Le Franc-Maçon Israélien

Tradition équivaut à transmission
Les textes qui en sont les véhicules, sont immuables, mais leur interprétation varie avec l'époque. Le langage actuel donnerait à penser que la tradition n'est qu'une coutume. Explication superficielle. La tradition nous invite à en considérer la profondeur, en la retrouvant telle qu'en elle-même, où elle se cache depuis des temps immémoriaux. Les ressemblances entre les aspects de la tradition de diverses civilisations - orientaux, extrême-orientaux, africains, occidentaux ne veulent pas dire nécéssairement qu'elles ont fait des emprunts les unes des autres, mais cela indique plutôt l'unité de leur origine.

Traditions religieuses, traditions mystiques et traditions initiatiques
Les traditions religieuses désirent relier les hommes à Dieu et ont la prétention à l'universalité et désirent l'atteindre par des institutions - dogmes. S'il est normal d'avoir l'esprit religieux, cela ne veut pas dire qu'il faille pour autant adhérer implicitement à une religion. Personne n'est qualifié pour imposer une religion ... ni pour la combattre. Le caractère univoque des moyens employés, entraîne les religions à des sélections au sein de l'enseignement traditionnel qui porte atteinte à son intégrité. La tolérance n'est pas le fait d'une simple coexistance pacifique, elle reconnaît un idéal commun à tous les hommes. La tolérance est une vertu de l'esprit et non une simple attitude conciliante. Les traditions mystiques - et il y a des mystiques dans toutes les religions - ne tombent pas dans le travers de la volonté d'expansion universelle. Le mystique est un être d'exception. Toutefois, Si cette sélection au départ rapproche le mysticisme de l'initiation, ce qui sépare le mystique de l'initié, c'est que le premier oeuvre pour recevoir quelque chose qui vient de l'extérieur et qu'il l'accueille avec une reconnaissance passive, tandis qu'elle en est séparée cependant d'une façon radicale par ce que l'initié n'attend rien de l'extérieur mais tout de ce qui réside en lui-même. Les traditions initiatiques n'ont pas non plus la prétention d'initier toute l'humanité. Elle ne s'adresse qu'aux hommes qui possédent certaines qualités. La voie intiatique implique le travail sur soi-même - toute passivité en est exclue.
L'initié est un Etre qui s'éfforce à se connaître soi-même avant d'essayer à s'éfforcer de développer jusqu'à la perfection ce qu'il a reconnu être en lui. La tradition initiatique invite l'initié à trouver lui-même la voie à suivre pour conquérir par ses propres moyens le but qu'elle lui montre.
Toutes les sociétés initiatiques traditionnelles ont donc la mission d'agent de transmission d'un message le même depuis le commencement des temps - par le moyen d'un langage - le symbolisme - qui s'adresse aux initiés de façon telle qu'ils le comprennent selon leurs aptitudes individuelles.

Pourquoi le symbolisme?
Parce que le message que l'initié doit recevoir, est d'un autre ordre que l'ordre physique. il est d'ordre métaphysique.
Il faut donc bien que le vocabulaire utilisé - des mots du langage ordinaire leur attribue une signification inhabituelle destinée à transcender les limites de la nature humaine. La nature métaphysique du message et de celle, symbolique, du vocabulaire étant plus ou moins définie, il suffit de hercher quel est le thème symbolique énéral qui va servir d'intermédiaire entre es mots concrets et la pensée métaphysique, et son objet est d'indiquer un but supra-humain à la vie des initiés par l'exposé de certaines correspondances symboliques dont l'origine se trouve dans une cosmogonie. Il reste maintenant à étudier l'art de vivre - qui est de se construire soi-même - pour obtenir une vue d'ensemble et schématique de la tradition.

Il est ...
Un point c'est tout ...
Cela lui confêre une limitation.
Il n'est pas l'Absolu, il n'est pas le Tout.
Cette limitation est "l'UN", l'Unité.

Et puisqu'il y a l'Un et qu'il n'est pas le Tout, il y a l'Autre. Pour caractériser l'Absolu, l'illimité, l'infini, le Tout, l'indéterminé, il faut comprendre que de lui il n'est pas possible de dire "Il est". Alors il a été forgé un
Non-être
Cette expression n'a de sens qu'en tant qu'elle ne présente pas l'inconvénient de limiter le sujet qui fait l'action de "non-être". Il n'est donc pas question de le confondre avec "ne pas être" qui est le contraire de l'action représentée par le verbe "être", le Néant. Le néant ne contient rien, le "Non-être" contient l'être en potentiel. Donc "l'Etre est" et il est dit l'Absolu, l'illimité, le Non-Etre, le Tout non-est. L'être était l'Un opposé à l'Autre, le Non-Etre n'implique pas cette dualité. Le caractère du Non-Etre est la Non-Dualité, le caractère de l'Etre est l'Unité. L'Un se manifeste par rapport à l'Autre et le résultat de cette manifestation est l'Existence. C'est dans ces existants que l'homme se trouve revêtu d'une forme qui en fait un individu.
Cette métaphysique transposée dans le domaine matériel donne naissance à une Cosmogonie - monde organisé dans lequel l'être vit et duquel il fait partie intégrante. Dans celle qui nous est familiêre, la Genêse biblique, on ne trouve pas clairement la notion du Non-Etre. Mais les cosmogonies hindoues et extrême-orientales possêdent cette notion. il faut se garder cependant de conclure trop rapidement de l'absence de référence précise au Non-Etre dans la Bible. Mais précisément le Non-Etre - Si l'on peut parler d'antériorité dans ce domaine - se place avant le commencement dans l'Eternité, c'est-àdire dans le Non-Temps et dans le NonEspace. Précisément la Genêse raconte la manifestation de l'Un à l'égard de l'Autre, autrement dit, de Dieu à l'égard du Chaos ou des Ténèbres. Cette manifestation est appelée Création et l'acte de Dieu est sa Parole. Sa première parole est
Que la lumière soit
A ce moment même tout est révélé. Révélé - revoiler - ne veut pas dire découvert, mais "voilé à nouveau". Tant il est vrai que la révélation est l'enseignement voilé que nous transmet la tradition. Rien n'est clair que la Lumière et ce qui témoigne de la Lumière est entouré du voile des symboles. Ainsi la répétition d'une Cosmogonie symbolise d'une certaine façon la leçon métaphysique. Le monde a maintenant commencé d'exister, il est le résultat de l'action du Principe actif sur le Chaos passif et il continue de se faire à tous les instants qui s'écoulent. Issus du même phénomène, le monde et l'homme ont entre eux des "liens".

Ce qui est en haut est comme ce qui est en bas
En haut, le Monde, le macrocosme, en bas, l'homme, le microcosme. L'objet de toutes les sciences traditionnelles sera précisément la recherche de ces correspondances. C'est l'infini qui engendre le Fini. Il s'agit d'indiquer à l'homme le but de sa vie et de lui montrer la voie. Ce que la tradition veut signifier par tout son symbolisme c'est que Si, au fil des temps, le monde et l'homme s'écartent progressivement de leur état primitif, l'art de vivre consiste à remonter le fil du temps en rétablissant en soi cet état que l'on appelle adamique ou édénique, proche de la création. Cette première étape une fois atteinte - "réalisée" que ce qui a été reçu en puissance par l'initiation, la deuxième étape, qui consiste à dépasser l'état humain en réintégrant le Principe - pourra seulement être entreprise.

Il consiste à se transformer
c'est-à-dire à passer au delà de la forme. C'est celui qui fut proposé de tout temps à tous les initiés de l'histoire. C'est cela que l'on retrouve dans toutes les initiations, c'est cela que veut dire tout le symbolisme. Passer des Ténèbres à la Lumière, mourir pour renaître, etc. Il appartient à chacun de nous d'y trouver ce qui s'adresse personnellement à lui et de s'efforcer vers le but. C'est cela qu'on appelle passer de l'initiation virtuelle, celle qui a été conférée, à celle de l'initiation effective, celle que le travail sur soi-même permet d'acquérir ... si on posséde les qualifications nécéssaires.

Cherchez et vous trouverez
A partir de ce moment nul ne peut donner de conseils, nul ne peut aider, nul ne peut expliquer les symboles, les rites, les légendes. Mieux, c'est à partir de ce moment qu il est impossible de parler clairement parce qu'à supposer que quelqu'un soit parvenu au faîte de l'initiation il aurait atteint un état dépassant l'état humain, il aurait éprouvé la transformation et il serait - par définition - incapable de s'exprimer dans un langage clair dans lequel les mots n'auraient plus le sens du dictionnaire. Le secret est moins une interdiction de dire, qu'une impossibilité de dire. Chacun pour son compte doit comprendre le message qui lui est transmis personnellement par la tradition. La technique consiste à vivre intensément en homme purifié de toutes attaches avec le monde profane, qui sont abandonnées dans les Ténèbres extérieures, de vivre intensément, en sachant que c'est en lui que se trouve le secret. Tel est, la méthode unifiante entre la connaissance, l'amour et l'action que nous transmet la tradition.
Que l'harmonie soit la Voie vers la Liberté, tel est sans doute le message. C'est précisément du climat de liberté qui doit présider toutes les réflexions. C'est en partant de cette liberté relative et pour ainsi dire résiduaire et en remontant vers le Non-Etre, à travers le Monde et l'Etre, l'Homme s'affranchit d'abord des contraintes de son existence individuelle, s'intégre au degré de l'Etre où il trouve la liberté dans l'Unité et s'éfforce vers le degré du Non-Etre où il trouve la liberté dans la Non-Dualité. Se libérant ainsi dans une marche ascendante vers la "Lumière — Vérité", il découvrira que c'est vers quoi la Tradition le guide et est, en dernière analyse la Liberté dans son acceptation universelle. La Tradition transmet le message de liberté.

Il ne faut pas attendre que Dieu s'incarne en l'Homme,
mais travailler, pour que l'Homme se spiritualise en un Dieu.